mardi 15 décembre 2015

Révolution : mode d'emploi


Deux choses à faire pour révolutionner le monde et entrer dans un nouveau siècle des Lumières : d'abord se changer soi-même. Ensuite changer l'organisation sociale ; les deux sont liés et bien plus faciles à transformer qu'on le pense.
 
Pour se changer soi-même, il suffit (oui, il suffit !) de cesser de désirer ce qu'on nous montre : il n'existe aucun paradis, aucun politicien, aucune marchandise qui puissent nous rendre heureux. Nous pouvons nous faciliter la vie avec une nouvelle perceuse, nous sentir plus puissant au volant d'une  voiture neuve, mais ça ne nous conduira qu'à un semblant de bonheur : comme la marchandise est une drogue et la consommation une addiction créée par le dogme de la croissance, il nous faudrait sans cesse augmenter la dose et notre course finirait dans un platane, le surendettement ou la dépression.
 
Quelques instants de réflexion suffisent, en général, pour s'apercevoir qu'on n'a pas vraiment besoin de cette chose qu'on veut nous faire acheter. Attention, il n'est pas ici question, comme le prônent les bouddhistes, de museler tout désir pour atteindre le Nirvâna, mais seulement de rompre avec le fétichisme de la marchandise : le monde s'en trouve à jamais changé. Nous ne sommes plus hypnotisés par les publicités, nous prenons du recul par rapport aux histoires que racontent les media, nous regardons à deux fois le programme d'un politicien avant de lui accorder notre suffrage.... nous nous demandons même pourquoi il le réclame ! Et notre conscience répond : "ceux qui recherchent le pouvoir sont inaptes à l'exercer".

Voilà, vous n'êtes plus esclave de vos désirs - qui d'ailleurs ne sont pas les vôtres mais ceux qui, depuis l'enfance, vous ont été imposés par la convergence médiatique -  vous êtes désormais maître de vos choix ; La Boétie l'avait établi dès le XVIe siècle (Discours sur la servitude volontaire) : "Soyez résolu de ne plus servir, vous voilà libre." Pourquoi croyez-vous qu'on n'étudie pas La Boétie à l'école ?
 
La seconde chose à faire, pas plus compliquée même si elle prend un peu plus de temps (la résistance est évidemment plus forte) : en finir avec le vote, l'élection, le choix des maîtres, la démocratie "représentative".
 
Soyons clairs : il est ici question de réaffirmer, de continuer, d'approfondir l'instauration de la Démocratie, afin de parvenir à une véritable gouvernance du peuple ; mais qu'est-ce que le peuple ? C'est "l'ensemble des citoyens sur lesquels s'exerce le pouvoir de quelques uns" (Michel Onfray). 
Aristote avait déjà remarqué (Politéia, livre IV) que "l'élection conduit à l'oligarchie", c'est à dire au pouvoir de quelques privilégiés, ceux qui ont le luxe du temps, puisque la sagesse populaire a depuis longtemps compris que "le temps c'est de l'argent".
 
Reprendre le pouvoir des mains de ceux qui l'ont confisqué pour leur propre jouissance, voilà le vrai sens du mot "démocratie". Pourquoi le faut-il ? Pour résoudre dans le consensus les problèmes posés à la société sans en créer de plus compliqués. Pourquoi devons-nous nous en occuper nous-mêmes ? Parce que tout citoyen est le meilleur juge de ce qui est bon pour lui. "En ce qui concerne la prise des décisions, chaque adulte est le seul à même de juger de son intérêt propre" (Robert Dahl). Comment allons-nous libérer le temps nécessaire à notre propre gouvernance ? Nous allons "travailler moins, pour gouverner tous" grâce à l'instauration d'un "revenu inconditionnel". Pourquoi ne pas laisser la gouvernance aux professionnels de la politique ? Parce qu'ils sont devenus un frein au progrès de nos sociétés, un boulet aux chevilles de nos libertés, une caste aristocratique empêchant toute émancipation du simple citoyen, afin de conserver et d'accroître leurs privilèges : pour pouvoir améliorer la vie des gens, il faudrait d'abord savoir comment les gens vivent.
 
Désormais, plutôt que nous lancer dans des campagnes électorales coûteuses, polluantes et mensongères, nous nous inscrirons sur un vivier au sein duquel seront tirées au sort, pour un temps donné, les diverses assemblées chargées de résoudre les problèmes réels du pays. Au lieu d'une "Assemblée nationale" qui ne représente absolument pas les citoyens, c'est la "Nation assemblée" qui gouvernera. En cas de grosse difficulté, le référendum.
 
Quelle meilleure démocratie ? Pas de cumuls possibles, pas de corruption, une représentation au plus près, un impôt juste et ciblé, une gestion contrôlée des finances publiques, une économie au service des besoins, une justice équitable, une police républicaine, une éducation tirée vers le haut... Bref, le gouvernement du peuple par le peuple : "LA" Démocratie.
 
Comme le disait Churchill "C'est le pire système qui soit, à l'exception de tous les autres".